Keli n’a pas le même type de soucis que Kristelle. La jeune femme de 24 ans confie qu’elle « avait tout : une maison, une famille unie, un travail correct… » Pourtant, petit à petit, l’alcool commence à avoir raison de ses week-ends. « Mo ti pense zis dan wiken sa… Donc, li pa enn problem. » Mais les choses s’agrravent quand « mo kumans met lame dan la kes. Kan mo rant lakaz, mwa ek mo papa gayn diskision… » La jeune femme perd son emploi. Des vols et autres problèmes d’ordre professionnel s’enchaînent. L’alcool devient un refuge tout indiqué. D’autant qu’il y a quelques années, elle a été témoin d’un acte de désespoir de la part d’un de ses proches. L’expérience la traumatise et la marque à vie. « Mo ti kontan nek bwar pu bliyé… Pa pense. Pa reflesi a bann problem dan mo lavi. Kan leve lendemin matin, brosse ledent bien, douche, tousala… Pa pu dir finn bwar la vey. » Mais pour Keli, la descente aux enfers ne fait que commencer. « Je pensais que l’alcool allait résoudre mes problèmes. Au contraire, il les envenimait ! » Outre une relation très difficile avec son père, elle perd son petit ami. La situation étant devenue ingérable pour tous… La jeune femme se dirige alors vers le centre La Chrysalide, déterminée à mettre fin à sa dépendance à l’alcool. Cela fait cinq mois que Keli a entrepris la thérapie et s’adapte au quotidien dans le centre. « Au départ, avoue-t-elle, je voulais partir tout de suite ! Je pensais que je n’allais jamais tenir, que c’était trop dur. » Pourtant, graduellement, « monn rann mwa kont ki mo ti pe sanze. Ek mo finn kontan seki pe sanze en mwa. » Désormais, la peur du reflet dans le miroir semble s’estomper petit à petit. Souriante et traduisant sa joie, Keli admet : « Maintenant quand mon père me regarde, il est fier. Ce n’est plus la même chose qu’avant… » Ce dont elle a hâte, c’est de finir les cinq prochains mois et refaire sa vie, avoir un boulot, s’occuper de sa maison, se marier… Pour Keli, le processus de retour vers la féminité et l’identité de femme semble être bien amorcé.