Je tiens à saluer le plan d’action pour la prise en charge du syndrome d’alcoolisation foetale (SAF), présenté, hier matin, à l’Agence Régionale de Santé, en présence de Danièle Jourdain Menninger, présidente de la MILDECA (présidente de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives).
Ce plan d’action, qui associe de nombreuses institutions et professionnels de santé, va permettre de développer la prévention, l’identification des patients et leur accompagnement. Le SAF est encore trop souvent considéré comme une maladie honteuse et il faut, à ce titre, changer les mentalités.
Danièle Jourdain Menninger, avec qui j’ai beaucoup travaillé récemment, notamment dans le cadre de mon rapport sur la loi santé a salué la dynamique collective déjà à l’oeuvre dans notre île.
Elle a annoncé que la Réunion était retenue comme territoire d’expérimentation pour la prise en charge du SAF, avec quelques autres régions françaises.
Cette visite de Danièle Jourdain Menninger a permis des avancées dans le travail de lutte contre l’alcoolisme et les conduites addictives ; un thème qui me tient à coeur.
Je retiens également ce lundi, la signature de la charte d’engagement entre les pouvoirs publics et les professionnels contre l’usage nocif ou abusif de l’alcool. Cette initiative est la bienvenue au moment où ce fléau continue, quotidiennement, à causer des dégâts sur les routes réunionnaises.
Il faut rappeler, qu’en 2014, l’alcool est impliqué dans plus de 40 % des accidents mortels à La Réunion contre 30% en Hexagone.
En réponse, la Préfecture s’est mobilisée, en fin d’année, avec une campagne de communication pour sensibiliser les Réunionnais et en particulier les jeunes, sur cette problématique. Selon l’Observatoire des drogues, l’île présente le 3e indice national de mortalité liée à l’alcool après la région Nord-Pas-de-Calais et la Bretagne. L’alcool est présent dans une proportion importante des faits délictueux et criminels, en particulier dans le domaine des violences intrafamiliales. Le taux d’arrestation pour ivresse sur la voie publique est le plus élevé du territoire national.
Il y avait urgence à agir. Le travail de concertation mené par la Préfecture a porté ses fruits. Cette charte montre une réelle prise de conscience des différents signataires sur ce grave problème de santé publique.
Il est cependant à regretter qu’un des partenaires (le plus important car très présent sur le marché local en matière de vente d’alcool) se soit désisté au dernier moment refusant de signer cette charte en raison des pressions extérieures. Cependant, je ne désespère pas sur un changement de positionnement de sa part dans l’intérêt de la Réunion.
Si cette charte n’implique aucune obligation de la part de ses signataires, elle les engage moralement à agir pour une prévention plus efficace et plus offensive dans ce domaine. Il relève de la responsabilité des uns et des autres de s’assurer de sa mise en oeuvre effective.
Monique Orphé