Décryptage d’un mécanisme clé de l’atteinte cérébrale
04 avril 2017
La toxicité de l’alcool sur le système nerveux des enfants à naître peut être sévère, pour les neurones comme pour les vaisseaux sanguins du cortex cérébral. Au cœur de ce mécanisme : l’autophagie des cellules. Une découverte qui permet d’avancer sur la piste d’un futur traitement…
L’exposition du fœtus à l’alcool est délétère pour la maturation du système nerveux central, que ce soit au niveau des neurones ou des microvaisseaux qui irriguent le cortex cérébral. Cette toxicité dépend de la quantité d’alcool consommée par la mère et de la période à laquelle le fœtus y est exposé (fenêtre de vulnérabilité).
Au niveau du système nerveux, on sait que l’alcool augmente la mort neuronale (notamment par apoptose), et altère l’autophagie (voir encadré ci-dessous). Cependant, les mécanismes régissant sa toxicité vis-à-vis des cellules endothéliales qui composent la couche interne des vaisseaux corticaux étaient jusqu’ici inconnus. Ils le sont désormais un peu moins ! Une équipe rouennaise (équipe NeoVasc*, dirigée par Bruno Gonzalez) vient en effet d’établir qu’une altération de l’autophagie s’observe également dans ces cellules endothéliales après une exposition prénatale à l’alcool. Cette équipe avait déjà montré qu’une telle exposition induit une altération de l’arborescence de la vascularisation cérébrale. Or, il est établi que l’arborescence vasculaire est un prérequis pour la migration de certaines populations neuronales au cours du développement. Avec les nouveaux résultats obtenus, il apparaît que ces anomalies vasculaires s’accompagnent d’une augmentation de la mortalité des cellules endothéliales et d’une accumulation de vacuoles autophagiques dans ces cellules.
C’est quoi l’autophagie ?
L’autophagie est un phénomène de nettoyage et de recyclage des cellules, dont le décryptage a été récompensé par le prix Nobel de médecine en 2016.
L’autophagie est indispensable à la survie de toutes les cellules, hormis celle des globules rouges. Elle consiste en une autodigestion d’une partie du contenu des cellules (le cytoplasme) qui est séquestrée sous forme de vacuole appelée autophagosome. Cette vacuole fusionne ensuite avec un lysosome qui contient les enzymes en charge de la dégradation. Après fusion, l’autophagolysosome qui en découle a une durée de vie courte, au cours de laquelle les enzymes dégradent les composants de cette vacuole.