l’addiction gagne du terrain
Par Les Nouvelles sur 21/03/2016
La consommation d’alcool constitue le principal recours pour fuir les problèmes de la vie quotidienne chez certaines catégories de personne. Un comportement instinctif qui tend à gagner du terrain et favorise l’addiction surtout chez les personnes âgées de 30 à 45 ans dont 15% sont des femmes.
Dans le cadre de ses dix ans d’activités dans la consultation et la prise en charge des personnes dépendantes à l’alcool, le Centre de cure «Aro Aina» (CCAA) a présenté un état des lieux de la consommation d’alcool à Madagascar. L’addiction à l’alcool ne cesse de gagner du terrain ces cinq dernières années en raison notamment des vicissitudes de la vie. 70% des personnes qui viennent au centre pour une consultation sont âgées de 30 à 45 ans, tranche d’âge qui regroupe la majorité des personnes dépendant de l’alcool. 15% d’entre elles sont constituées de femmes. «Ces personnes viennent au centre pour des raisons de santé et de problèmes socio-familiaux», a expliqué le Dr Miarintsoa Andriamialinarivo du CCAA, lors d’un entretien en aparté.
La source du problème réside également dans le fait que 60% de ces personnes ne travaillent pas à cause de la perte du contrôle de soi due à la consommation d’alcool. Par ailleurs, la plupart des gens qui viennent au CCAA ont un niveau et un cadre de vie moyens, exerçant une profession libérale ou encore sans revenu fixe. 82% des consultants sont totalement dépendants et 18% des consommateurs à risque.
«Ils boivent pour oublier les soucis quotidiens face aux difficultés de la vie», a indiqué le Dr Miarintsoa Andriamialinarivo. En général, 68% boivent de l’alcool au quotidien, 21% tous les week-ends et 11% à moments occasionnels, soit en solitaire, soit en équipe ou les deux à la fois indifféremment dans les bars, à la maison, ou dans les lieux de travail.
Mauvaise habitude
Selon les conditions sociales, une personne devient dépendante à l’alcool sous l’influence des amis, par habitude ou tout simplement pour le plaisir d’en consommer. L’abus de la substance et la perte de contrôle qui annihilent la volonté de diminuer la consommation, les remarques de l’entourage et la consommation matinale constituent les principaux critères de dépendance chez les consommateurs d’alcool, toujours d’après le médecin responsable du CCAA.
En moyenne, une personne dépendante boit environ 15 cl, alors qu’une bouteille de rhum de 33cl peut étourdir cinq personnes, à raison de deux consommations par personne. Les consommateurs ne sont pas conscients du danger que représente la dépendance à l’alcool comme les pathologies neuropsychiques, viscérales, cardiovasculaires, le coma éthylique et, issue extrême, le suicide. S’y ajoutent la recrudescence des conflits conjugaux, les conflits familiaux, les violences sous toutes leurs formes, ainsi que l’absentéisme et les fautes professionnelles en milieu de travail.
Par rapport à cette situation, la consommation d’alcool s’est banalisée, risquant ainsi d’engendrer des conséquences néfastes sur le développement socioéconomique du pays. 40% des consultants du centre de cure sont motivés pour arrêter définitivement la consommation d’alcool, de drogue et de tabac, mais la plupart hésitent encore en demandant de suivre plusieurs séances de psychothérapie. A part la cure de sevrage des personnes dépendantes, le CCAA projette de mettre en place des centres d’écoute et de «counselling», un atelier thérapeutique et une unité mobile de prévention hors de la capitale.
Noro Niaina