Visite d’un quartier défavorisé de TANANARIVE à ISOTRY : MANARINTSOA
Rencontre du « président de quartier », GUY et de HARISOA assistante de quartier (assistante sociale, scripte, soutien à la population et notamment recueil des plaintes).
Il y 3 425 habitants dans ce quartier, on y rencontre beaucoup d’alcool aussi bien chez l’homme que chez la femme, peu de distraction, pas de déni de l’alcoolisation et pas d’isolement des femmes face à l’alcoolisation, à priori.
Parfois 80% des femmes sont présentes dans les lieux d’alcoolisation comme les épiceries ou dans les bars.
Notons que 33 cl de rhum équivaut à 5 000 francs malgaches = 0,30 centimes d’euros. Et pour encore moins cher, on peut trouver le fameux TOKA GASY
Visite du quartier:
On note des conditions de vie très difficile, l’insalubrité est permanente ! Les gens vivent du commerce d’objets de récupération (issus des poubelles) qu’ils revendent. L’alcoolisme y est très présent. Les enfants sont dans la rue, la scolarité est gratuite mais l’achat du matériel de la blouse etc… est trop cher et donc parfois ces enfants ne sont pas scolarisés.
Les femmes lavent le linge au lavoir, il y a un tuyau et une structure adéquate mais le bar (clandestin) n’est pas bien loin (10 mètres). Il est fréquenté à 80% par ces femmes.
On y a trouvé du TOKA GASY à 1 000 francs malgaches le verre. Ce rhum est parfois à près 80° d’alcool!
Il y a des habitants plus « bourgeois » en périphérie. Nous y sommes accueillis par l’ancien président de quartier. Il estime à 50% les nouveaux arrivés au village. Il me confirme l’importance de l’alcoolisation.
Rencontre avec des habitants du quartier :
Nous organisons une petite réunion avec quelques femmes. Des femmes que l’on verra très rapidement qu’elles sont en difficulté avec l’alcool…
Nous avons rencontré des femmes issues de ce quartier en difficulté et qui ont bien voulu nous exposer leur parcours personnel.
F. nous dit qu’elle ne peut s’arrêter de boire sans aide. Son dernier enfant était placé sous couveuse, il pesait 1700 grammes à terme.
Elle a deux autres enfants dont un décédé et elle a aussi vécu deux grossesses qui ont du être interrompues pour cause inconnue.
L. a 5 enfants dont 3 décédés, le dernier est mort in utero. Le Docteur a dit que c’était à cause de l’alcool. Elle boit depuis l’âge de 15 ans, elle a arrêté un an et a reprit à la mort de son mari. Elle dit ne pas avoir la force d’arrêter de boire plus d’une semaine.
Elle boit en fonction de ses possibilités financières. Elle pense que le seul moyen qui la ferait arrêter de boire serait de trouver du travail.
L. a 50 ans, boit depuis le décès de son fils. Elle se plaint de ne pas trouver d’aide pour arrêter.
C. a 12 enfants, le dernier a 11 ans, il est de petit poids, il est dans une classe d’enfants de l’âge de 7 ans.
Sa grossesse était suivie tous les mois au dispensaire. La sage femme ne l’a jamais mise en garde contre les effets de l’alcool.
E. boit depuis 24 ans, elle a 13 enfants dont 5 sont décédés,
L. présente un faciès de S.A.F, elle a environ 40 ans, elle a commencé à boire à l’âge de 18 ans, elle a 10 enfants dont 6 sont vivants.
Elle parle en état de légère ébriété tout en allaitant son enfant. Il s’agit de son dernier enfant âgé de 18 mois. Il est de tout petit poids, nous lui avons donné un âge relatif de 6 mois. Il ne marche toujours pas !
Elle nous expliquait que son mari buvait aussi.
H 32 ans : 6 enfants, elle boit depuis le décès de son mari. Présente des problèmes d’insomnie qu’elle règle avec une consommation d’alcool.