14e législature
Réponse aux réactions des viticulteurs dans la presse
Je lutte depuis plus de 40 ans contre l’alcoolisation fœtale, pourtant je ne suis pas prohibitionniste et même je consomme assez régulièrement de vos bons vins qui emplissent ma cave. C’est pourquoi je vous dis que vous avez tort de vous opposer au pictogramme lisible pour l’information des femmes enceintes ; cette information est objective, honnête et raisonnable ; votre opposition affiche clairement vos liens d’intérêts ; elle vous range dans le clan des méchants en compagnie de Servir et de Monsanto ; elle altère votre image de producteurs d’un produit noble de la gastronomie française.
Jouez plutôt la carte des œnophiles hédonistes, épicuriens et donc prudents : encouragez à jouir de la vie sans la compromettre. Et puis, la population des femmes enceintes est trop petite pour nuire réellement à votre économie ! Et si vous pensez que ce pictogramme est inefficace, ne laissez pas comprendre le contraire en vous y opposant !
Je vous propose, dans l’intérêt de tous, le vôtre inclus, d’accompagner le pictogramme de grande taille, coloré, visible du premier coup d’œil, de cette phrase : « Madame, attendez la fin de votre grossesse pour déguster cet excellent vin ! ».
« Bien cordialement Dr Alain Fourmaintraux »
CESURE
Réglementation : Les pouvoirs publics veulent agrandir le pictogramme femme enceinte [C.S.]
17 Janvier 2017
Dans le cadre de la lutte contre l’alcoolisation fœtale, le gouvernement prévoit une nouvelle batterie de mesures dont l’agrandissement du pictogramme mettant en garde les femmes enceintes sur l’absorption d’alcool pendant leur grossesse. Il figure sur les bouteilles d’alcool depuis 2006.
Les associations de viticulteurs ont réagi. Dans un courrier daté du 11 janvier, adressé aux sénateurs et aux députés, ils ont expliqué que la réponse adéquate ne leur semblait pas être « le grossissement du logo, mais davantage la prévention par les médecins généralistes, gynécologues, sages-femmes. » Dans ce domaine, la France est en effet à la traîne. Elle n’y consacre que 2 % des dépenses courantes de santé, contre 3 % en moyenne dans les pays de l’Union européenne, selon l’OCDE.
Les Questions écrites sont sensiblement les mêmes : ?comme celle de M. Henri Cabanel publiée dans le JO Sénat.
Il attire l’attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur le projet de grossissement du pictogramme préconisant, sur les unités de conditionnement des boissons alcoolisées, l’absence de consommation d’alcool par les femmes enceintes.
Imposée unilatéralement, avec une mise en œuvre prévue début 2017, cette modification interviendrait sans concertation avec la filière viticole, sans évaluation de l’impact effectif de cette mesure sur la lutte contre le syndrome d’alcoolisation fœtale.
Chaque année, 700 à 1 000 enfants sur l’ensemble des naissances sont atteints du syndrome d’alcoolisation fœtale, avec des conséquences parfois irréversibles sur leur santé (retard de croissance, malformations physiques, troubles mentaux).
Si le syndrome d’alcoolisation fœtale est un problème de santé publique réel contre lequel il faut lutter par une nécessaire information, le conditionnement des produits n’est pas le vecteur adapté pour diffuser des messages sanitaires.
L’étiquette n’a pas vocation à apporter des indications médicales détaillées. Il faut plutôt privilégier la prévention des comportements à risque en s’appuyant sur les compétences du personnel médical, qui a pour mission de sensibiliser, d’expliquer et de prendre en charge les femmes dans le cadre de leur grossesse. Cette pédagogie est d’ailleurs assumée de façon très experte par la profession médicale en ce qui concerne l’alcool, la drogue et le tabac.
Il lui demande ainsi d’engager une concertation sur le sujet afin de dégager des solutions plus réalistes et plus conformes aux objectifs de santé publique qui doivent être atteints.
En attente de réponse du Ministère des affaires sociales et de la santé.
http://inpes.santepubliquefrance.fr/10000/themes/alcool/reglementation.asp