Une femme qui boit en ressent plus les effets néfastes qu’un homme. Ses organes vitaux sont attaqués. Un mal qu’il faut à tout prix éradiquer.
Prises dans les tourments de l’ivresse, les femmes alcoolos se détruisent. Les verres qui se vident jour après jour permettent au poison qu’est l’alcool d’infiltrer leur corps et causer des dommages irréparables. Le foie, le cerveau, les organes génitaux… il ronge tout sur son passage. Un véritable fléau de la société moderne qui rôde dans l’ombre. Loin des regards, les femmes qui boivent se cachent et noient leur mal-être, négligeant leur famille et leur vie professionnelle (voir hors-texte). Quand l’alcool devient une obligation quotidienne, une dépendance, c’est la santé qui prend un sale coup.
La visite de Suzanne Longbotoom, formatrice thérapeutique de l’association française Aide et Prévention des Toxico-dépendances par l’entraide (APTE), est le motif d’une semaine d’activités – du 18 au 25 avril – de l’association Étoile d’Espérance qui s’occupe des femmes alcooliques. Débat, conférence de presse et inauguration d’une nouvelle maison pour accueillir ces femmes à problèmes à Moka : l’association mauricienne ne fait pas les choses à demi. Normal, leur cause devrait interpeller plus d’un : aider les femmes à s’extirper de l’enfer de l’alcool. Car, au-delà de l’aspect psychologique et affectif qui entraîne l’alcoolisme chez la femme, les problèmes graves que cause cette dépendance sur la santé entraînent, dans plusieurs cas, la mort. En plus, ces alcoolos au féminin sont plus vulnérables aux dégâts de l’alcool que les hommes. Raison : le corps de la femme n’est pas conditionné pour se battre contre l’alcool.
Conséquences sur les enfants
Eh oui, l’homme et la femme sont inégaux devant les effets néfastes du poison. La première explication concerne les masses graisseuses. Il n’y a rien à dire : les femmes sont plus généreuses, à leur grand désarroi, «en gras» que les hommes – seins, hanches, fesses. «Il y a plus de gras chez la femme que chez l’homme qui, lui, est plus doté en masse musculaire. L’alcool, en général se dilue dans les muscles et cause moins de dégâts. Chez la femme il y a moins de muscle; donc, une bonne quantité d’alcool reste dans le sang et s’infiltre dans toutes les parties du corps affectant les organes vitaux», explique le Dr Siddick Maudarbocus, généraliste.
Autre élément qui ne joue pas en faveur des femmes qui surconsomment de l’alcool : une petite enzyme qui ne ferait pas son travail comme il le faut : «C’est une petite molécule responsable de dégrader l’alcool afin de l’évacuer hors du corps. Mais, chez la femme, cette enzyme est beaucoup moins active et l’alcool reste dans le sang», ajoute le docteur. Ces deux facteurs en combinaison ont des résultats désastreux. Le corps se ronge, s’affaiblit sous les infections. La tête n’est pas en reste : hallucinations, troubles du langage… La liste des dommages causés par ce liquide dangereux est longue (voir encadré). Mais, les maux de l’alcoolisme chez la femme ne la touchent pas uniquement. Les futurs enfants risquent de ne pas s’en sortir indemnes. Alors qu’ils grandissent dans le ventre de leur mère alcoolique, ils boivent avec elle. Défigurés, handicapés physiques ou mentaux, ils sont déjà brisés par la vie avant d’avoir vu le jour. «C’est ce qu’on appelle le Syndrome d’alcoolisation fœtale», déclare le Dr Rajen Bonomally, gynécologue. (voir hors-texte)
L’alcoolisme chez la femme, et aussi chez l’homme, détruit des familles, brise des vies. À consommer avec modération… ou pas du tout.
Cela fait sept ans que j’ai arrêté de boire. Je suis mariée et j’ai deux enfants. Je n’avais que 14 ans quand j’ai perdu ma mère et ma grand-mère à quelques mois d’intervalle. Je ne savais pas comment gérer cette solitude. Puis, les problèmes se sont accumulés, mais je ne suis pas devenue alcoolique tout de suite. Un verre de bière de temps en temps, puis les choses se sont emballées… Je me suis retrouvée à boire toute la journée, même après mon mariage. Je ne pouvais pas me lever pour m’occuper de mes enfants et de mon mari. Je me cachais pour boire, une et même deux bouteilles de rhum par jour. Le soir, quand mon mari dormait, je me levais pour boire. C’était infernal. Mon mari ne savait rien, il pensait que j’étais dépressive. Mais, quand il l’a découvert en 1999, il ne m’a pas laissée tomber. Il m’a emmenée au Centre de solidarité pour me faire soigner. Il a été d’un grand soutien. Ma vie n’a commencé que quand j’ai arrêté l’alcool. Mais, on reste alcoolique toute sa vie, c’est une maladie. Je trouve la force de me battre à travers l’amour que me donnent mon mari et mes enfants. Si je pouvais recommencer, je ne tomberais jamais dans l’enfer de l’alcool.