SAINT-LOUIS. La journée de prévention du Syndrome d’alcoolisme fœtale aura lieu le 9 septembre. Défendue bec et ongles par l’ancienne sénatrice Anne-Marie Payet, cette cause n’aurait plus les faveurs des pouvoirs publics.
Vous avez dit désintérêt ? Lorsque l’association Saf océan Indien décide de faire écho à la journée mondiale du Saf, le 9 septembre, elle contacte la ville de Saint-Louis, sa partenaire depuis plusieurs années et d’autres communes. « Aucune d’entre elles n’a pris soin de nous répondre », peste le docteur Thierry Maillard, président de l’association.
C’est donc à Saint-Louis, mercredi prochain, que l’essentielle des manifestations organisées autour de cette problématique auront lieu. La journée se déroulera à l’espace Ô Baradiar, l’ancien marché couvert. A 9 h 09, un chiffre symbolique en rapport avec la durée d’une grossesse, l’église de Saint-Louis fera sonner ses cloches. Plusieurs animations seront organisées tout au long de la journée et en fin de journée, un grand concert est prévu avec notamment Danyel Waro, Nicole Dambreville et Thierry Gauliris.
« CE SYNDROME EST UN FLÉAU »
Cette grande journée ne pourra toutefois pas masquer les difficultés à communiquer autour du Saf. Pas vraiment adepte de la langue de bois, ce qui de son propre aveu ne lui ouvrirait pas les portes des collectivités, Thierry Maillard affirme que son association fonctionne avec aucune subvention malgré des demandes répétées au conseil général. Pire, « il y a un déni du Saf par l’Agence régionale de santé », assure-t-il. « On a demandé une participation de 4 000 euros à l’ARS pour la journée du 9 septembre. Elle n’a même pas répondu », regrette-t-il. Officiellement, 9 cas de syndrome d’alcoolisme fœtal ont été détectés l’an dernier dans le Sud, aucun dans le Nord. « C’est 150 cas qu’on devrait détecter chaque année », estime Thierry Maillard, se basant sur une étude américaine selon laquelle 1% des nouveaux nés serait atteint du Saf.
Très difficile à détecter, le Saf entraîne un retard de croissance, des anomalies neurologiques, des troubles du comportement, des déficits intellectuels…
Il y a dix ans, la sénatrice Anne-Marie Payet avait mené un important combat pour la lutte contre le Saf. Des amendements avaient été votés. Il n’en reste rien, ou presque. « Il devait y avoir une information systématique des scolaires, une formation obligatoire dans les écoles de santé. Des campagnes annuelles nationales. Rien ne s’est concrétisé. La dernière campagne de sensibilisation remonte à il y a dix ans », peste Thierry Maillard.
L’alcoolisation des femmes pendant la grossesse resterait pourtant importante. 32% continuent de boire de manière ponctuelle, et 3 à 9% des femmes, selon les régions françaises, consomment de l’alcool de façon hebdomadaire. « Le principe de précaution voudrait qu’on ne boive pas du tout d’alcool pendant 9 mois, soutient Alix Galbois, médecin généraliste et conseiller départemental. L’exposition prénatale à tous les alcools et à tous les stades de la grossesse est un danger ».
Pour la marraine de cette journée, Huguette Vidot, vice-présidente du conseil régional, il faudrait « une prévention beaucoup plus massive. J’estime qu’il faut mettre en place une politique globale pour aller plus loin que les textes de loi actuels. Ce syndrome est méconnu et c’est pourtant un fléau. Ce n’est pas seulement un phénomène local mais mondial ».
J.-Ph.L.
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