Speech of Hon S. Bappoo at Closinq Ceremony of two day workshop with RÉUNISAF on Syndrome d’Alcoolisation Fœtale
Dr Denis Lamblin de Réunisaf,
Dr Kathia Cadinouche également de Réunisaf,
M. Gopee Secrétaire Permanent au Ministère de la Sécurité Sociale,
M. les Professionnels de la Médecine,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
C’est avec beaucoup d’intérêt, je dois dire, que j’ai répondu favorablement à la demande du Dr Thierry Maillard , Président de RÉUNISAF, pour un projet de coopération en vue de développer un programme de lutte contre les Effets de l’Alcoolisation Fœtale à Maurice.
Le sujet m’a d’emblée paru a point nommé surtout quand l’on sait que l’alcoolisme chez les femmes atteint, ces jours-ci, des proportions inquiétantes dans le monde et que même Maurice n’en est pas épargnée.
C’est donc suite à ce fameux courrier du Dr MAILLARD en date du 17 novembre dernier que tout a été enclenché pour donner lieu à cette visite du Dr Denis Lamblin et de celle du Dr Kathia Cadinouche, à qui vont mes sincères remerciements pour avoir sacrifié un peu de leur temps pour venir nous partager leurs connaissances en matière de Syndrome d’Alcoolisation Fœtale.
L’objectif de la visite de nos experts à Maurice se voulait d’abord à un recensement et une évaluation de l’état des lieux par rapport a l’alcoolisme fœtale chez nous.
Dans cette optique, des rencontres avec les professionnels et les Institutions concernées étaient à l’agenda, ainsi que des visites des structures médico-sociales existantes.
Et je suis ravie d’apprendre de la bouche de nos intéresses que l’expérience a été fructueuse dans les deux sens à bien des égards.
Ensuite, nous avons eu droit à un exposé de la problématique des effets de l’alcool sur le fœtus.
A terme, il s’agira de créer un réseau de santé publique entre les pays riverains et de fédérer les expériences de chacun pour dégager une meilleure sensibilisation et pour finir, élaborer un programme de lutte efficace.
Alors pour ma part, j’estime que le but de cette première phase d’un projet qui s’inscrit visiblement dans la durée, est atteint.
Qu’est ce qui m’amène à cette conclusion me diriez-vous?
D’abord parce que suite à cette visite, on comprend mieux ce qu’est précisément le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale et surtout ses effets néfastes et irréversibles qu’il engendre chez les victimes, à court, moyen et long terme, si rien n’y est fait.
Ensuite, parce qu’on est doublement conscient du danger potentiel que fait peser sur la société le cycle infernal des méandres de l’alcoolisme et en conséquence, un tel constat nous intime à réagir.
Je ne suis pas experte en la matière mais, c’est un fait reconnu, l’alcoolisme chez les femmes a longtemps été sujet tabou.
Alors que chez les hommes, c’est normal et ils ne s’en cachent pas. Est-ce par fausse pudeur, par culpabilité qu’une femme cache sa dépendance de l’alcool ? J’avoue que je ne sais pas lequel de ces deux états d’âme dicte le comportement mais toujours est il que les femmes qui ont ce penchant pour la bouteille, se soûlent, pour la plupart, en cachette. Probablement pour échapper aux regards réprobateurs d’une société, à priori machiste.
Mais le fait est que, de plus en plus de femmes boivent et avec le phénomène de la féminisation de la pauvreté qui gagne du terrain, le problème est en passe de se corser.
Alors imaginez maintenant le cas d’une femme, de surcroît enceinte et qui est alcoolique, combien il lui sera difficile voire même quasi impossible d’avouer son mal.
Voilà donc pourquoi une détection précoce des symptômes d’une grossesse conçue et macérée dans l’alcool peut éventuellement nous éviter le pire, à savoir des bébés abîmés, atrophiés et des mères doublement en souffrance.
A ce titre, je dois une fois de plus remercier l’équipe de RÉUNISAF pour nous avoir ouvert les yeux sur les signes précurseurs de la véritable bombe à retardement sociale que représente le Syndrome de l’Alcoolisation Fœtale.
Je propose que ce programme soit étendu à Rodrigues où il existe un problème d’alcoolisme aigu mais où il y a en parallèle un réseau important d’ONGs très impliqué dans le combat contre ce fléau grandissant.
J’ai pu le constater personnellement lors d’une visite que j’ai effectuée dans l’île l’année dernière. Il existe même une association d’épouses d’anciens buveurs qui se battent pour tenir leurs conjoints loin de la bouteille.
J’invite donc la NATRESA qui fait également un travail considérable en matière de prévention que ce soit en terme de la toxicomanie ou d’alcoolisme, d’inclure cette nouvelle composante, le SAF, dans leur campagne de sensibilisation.
La NATRESA pourrait également chapeauter le projet SAF à Rodrigues et y organiser un atelier de travail du même genre.
Ceci étant, une grossesse avec zéro alcool voilà ce à quoi nous devons désormais œuvrer maintenant que nous connaissons les séquelles du SAF.
Et je pense qu’il est grand temps d’en finir avec l’hypocrisie des slogans qui encouragent la consommation d’alcool avec modération, car nous comprenons que quelle que soit la dose prise, l’alcool causera de toute manière des dégâts irrémédiables au fœtus. Alors plutôt que de s’abriter derrière le slogan un verre ça va, trois verres, bonjour les dégâts, il faudrait trouver quelque chose de plus approprié, du genre je ne sais pas moi « baba au rhum, non pas li ça » ou que sais-je, mais en tout cas un slogan où c’est clair qu’il faut une abstinence complète pour ne pas donner naissance a un enfant atrophié.
Quoi qu’il en soit, la balle est a présent dans le camp des participants pour faire passer le message et je remercie REUNISAF d’avoir mis à notre disposition un documentaire très explicite et clair sur tous les troubles psycho-moteurs et les répercussions de cette pathologie sur leurs victimes.
Pour ma part, je m’engage à attirer l’attention des autorités concernées sur l’importance et la pertinence d’en faire une campagne nationale.
Ceci dit, en attendant la prochaine étape de notre partenariat avec RÉUNISAF qui veut, si Dieu le veut, notre participation en décembre 2006 au Colloque International sur le SAF qui se tiendra à l’île de la Réunion, je souhaite un bon retour à nos animateurs et au plaisir de vous revoir, je vous souhaite tout le courage nécessaire pour mener à bien votre mission d’information.
Je crois que le projet a toutes les chances de réussir au plan régional car nous avons un atout majeur qui est celui de la dimension de nos îles qui conjugue avec une densité démographique facilement contrôlable. Ce qui permettra, à mon sens, de toucher un maximum d’individus en un court laps de temps.
L’heure est donc à l’action.
Je vous remercie de votre attention.